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Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
21 février 2009

Eloignez-vous de la bordure du quai, s'il vous plaît...

Quand j’attends le train sur le quai, ça commence, je me mets à écrire dans ma tête..

Eloignez-vous de la bordure du quai, s’il vous plaît…

Alors, vite, dès que je suis installée, je sors mon carnet ou mon macintosh pour conserver tout ça. Ça peut durer deux heures, de temps et temps, si personne ne me dérange en zieutant mon écran (la vieille dame vient de se réveiller et c’est ce qu’elle est train de faire mais je doute que sa vision soit encore assez bonne pour parvenir à déchiffrer mon verdana 8).. Deux heures de train, ça passe vite quand on part à l’inconnu, quand une belle découverte se profile à l’horizon. Pour rentrer à Lyon, c’est un peu long. Je commence à connaître le paysage par cœur. Je connais le timing. Le nombre de chansons que je vais pouvoir écouter. Le nombre de personnes que je vais pouvoir inspecter. Il n’y a que ça à faire dans le train. Regarder, observer, analyser. Imaginer d’où les gens viennent. Le but de leur périple. Reviendront-ils. Souvent, en arrivant, j’ai envie de leur demander ce qu’ils font de leur vie. Juste pour voir si je me suis trompée.

Aujourd’hui, il n’y a personne de vraiment intéressant. Sauf cette petite dame qui a pris ma place vers la fenêtre. C’est quand même dingue, moi je choisis toujours ma place et les autres me la piquent sans cesse. Côté hublot pour s’évader un peu quand il n’y a personne d’intéressant à observer. Remarque, quand on est au couloir, on a une vue plus dégagée sur le reste du wagon et donc plus de visages à expier.
Mais bon, vu son âge, je me suis dit que je n’allais pas l’embêter. Je lui cède ma place. Elle s’est endormie rapidement alors j’ai pu la regarder tranquillement. Droite comme un piquet, elle ne bouge pas d’un millimètre. Elle a les traits détendus, elle a l’air apaisée. Peut-être que, quand on est vieux, les articulations se raidissent, elle n’a pas la tête qui penche comme tous les autres. Elle reste figée.
En face de moi, un jeune homme, un peu plus jeune que moi. Pas très beau, le regard vide, la peau encore rongée par l’acné. Du genre pas très agréable à regarder. Il a un petit dictionnaire de vietnamien, j’ai l’impression qu’il se constitue un lexique. Va-t-il y aller ? Quand ? Pour faire quoi ? Combien de temps ? Ça m’intéresserait de connaître sa vision du voyage, on pourrait peut-être partager certaines choses. Je ne sais pas pourquoi il me sourit. C’est un peu gênant d’être dans les carrés. Vous vous tapez deux heures en face d’un inconnu. Les regards se croisent. J’aime mieux quand tout le monde s'assoupit. Au moins, je peux les observer sans gêne. Les gens ne sont pas beaux quand ils dorment. Les traits se lissent, les muscles se détendent, parfois la bouche s’entrouvre. Il n’y a plus le regard pour faire pétiller le reste et le sourire pour l’égayer.

Moi, je n’aime pas trop dormir dans le train. Je déteste qu’on me regarde dormir. Manger aussi d’ailleurs. Avec les photos, c’est pareil. C’est pour ça que c’est moi qui les prend le plus souvent.

Dans le train, il y a toujours ces gens qui se lèvent trop tôt, par peur de rater l’arrêt et qui font des embouteillages dans le couloir… pourtant, il me semble qu’on arrive au terminus… Il y toujours ce con qui débarque et vous dit que vous avez dû vous tromper de place avec un regard méprisant alors que c’est lui qui s’est planté de voiture. Il y a souvent le gamin qui hurle pendant tout le trajet. Je crois qu’il aurait fallu remplacer les voitures fumeurs par des voitures enfants en bas âge. Histoire d’avoir la paix. Et bien sûr, il y a toujours cette petite vieille qui vous vole votre place fenêtre et qui vous dérange quatre fois en deux heures pour aller vous savez où. Il y a aussi souvent ce pseudo business-man qui n’a pas les moyens de voyager en première mais qui pense que son statut lui donne le droit de faire chier tout le wagon avec ses coups de fils pseudo urgents. Enfin, il y a souvent ce mec pas trop mal, caché là-bas au fond qui vous occupe quand vous avez fini de décortiquer tout le monde et qui vous réconcilie un peu avec les trajets en train.

Quand j’arrive à Lyon, c’est toujours le même schéma. Maman m’attend dans sa petite 206 vers les taxis. Souvent, elle m’appelle car le train n’est jamais à l’heure. Je la retrouve toujours là, c’est rassurant.
A Paris, c’est moins figé. J’ai beaucoup changé de toit ces derniers temps donc pas le même itinéraire. Bus, métro, taxi… En tout cas, jamais personne n’est venu me chercher. Je sais pas pourquoi je regarde quand même toujours au bout du quai. Au cas où quelqu’un aurait décidé de me faire une surprise. Peut-être qu’un jour, quelqu’un m’attendra sur le quai de la gare à Paris.

Eloignez-vous de la bordure du quai, s’il vous plaît…

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Commentaires
Z
je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part
Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
  • Qu'est-ce qu'un voyage ? Ce n'est pas un départ, ce n'est pas une destination. C'est un parcours, une découverte. Voyage-t-on pour découvrir le monde ou pour se redécouvrir ? Est-ce les hommes qui font les voyages ou les voyages qui font les hommes ?
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