Calcul mental

Je ne sais pas combien d’heures j’ai passées dans mon lit, les yeux rivés au plafond à regarder ce ventilo tourner, ni les heures à espérer qu’il se remette en marche.
Je ne sais pas combien de fois j’ai écouté les mêmes chansons pour me bercer et m’endormir, seul iTunes pourrait me le dire.
Je ne sais pas combien de fois je suis montée dans un rickshaw ni combien de décibels je me suis pris dans les oreilles. L’Inde rend sourd et aveugle.
Je ne sais pas combien de fois j’ai culpabilisé de ne rien pouvoir faire ou juste de ne rien faire pour tous ces gens.
Je ne sais pas combien de fois j’ai pleuré, peut être la moitié, un tiers des jours que j’ai passés ici ; je pourrais par contre me souvenir du nombre de fois où j’ai ri aux éclats. Je crois aussi pouvoir me souvenir du nombre de fois où je me suis énervée, peut être trois ou quatre… L’Inde nous apprend la patience. Un proverbe indien affirme que "toute personne qui vient en Inde acquiert la patience si elle n’en a pas et la perd si elle en a".
Je ne sais pas combien de fois j’ai été émerveillée par ce pays ni le nombre de fois où cette vie m’a désemparée.
Je ne sais pas combien d’heures j’ai passées à discuter avec Antho, ni combien de fois il a tout fait pour essayer de m’aider.
Je ne sais pas combien de fois j’ai eu la sensation de ne rien comprendre de cette vie, je crois me souvenir du nombre de fois où j’ai réussi à déchiffrer quelques comportements.
Je ne sais pas combien de cigarettes j’ai fumées dans mon lit en attendant désespérément que le marchand de sable veuille bien passer.
Je ne sais pas combien d’heures j’ai passées sur internet à vous parler, je pourrais me souvenir du nombre de discussions qui m’ont apaisée.
Je ne sais pas combien de fois je me suis dit que j’aimais l’Inde ni combien de fois je me suis dit que je la détestais.
Je ne sais pas combien de plans je me suis inventés pour l’année à venir.
Je ne sais pas dans combien de temps, de semaines, de mois ou d’années je reviendrai ici.
Je ne sais pas le temps qu’il me faudra pour me réadapter à ma petite vie futile en France.
Je ne sais pas combien de regards j’ai pu croiser, ni combien de sourires. Je me souviens juste du regard intense et du sourire enjoué de mon petit copain du feu rouge.
Je ne se sais rien de tout ça… peu importe, je sais juste que je ne regrette pour rien au monde l’expérience que je suis en train de vivre. Dans sa globalité, je m’en souviendrai à tout jamais.

Comments

[zozo]

je ne sais pas combien de fois tes photos m'ont ému...
toujours aussi belles

[zozo]

tout a fait d'accord avec coline...
gros bisous nanie chou

[coline]

Je ne sais pas combien de fois je me suis dit en te lisant que tu devrais écrire un livre, utiliser ce style si agréable pour tes lecteurs, et cette force que tu nous transmets par l'écriture...