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Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
30 octobre 2008

Je suis venue te dire que je m'en vais

Mon Inde,

Toi qui m’a si gentiment, mais aussi parfois durement, accueillie pendant ces quatre derniers mois, je suis venue te dire que je m’en vais. Oui, je te quitte. C’est une décision difficile mais il faut parfois prendre ses responsabilités et ne pas être lâche. Il faut parfois dire stop même si une partie de sa raison pense qu’on aurait pu continuer. Il faut parfois être adulte et savoir se préserver. Alors, voilà, mon Inde, je prends mon avion ce soir.
Tu m’as vaincue. Je suis beaucoup moins forte que ce que je pensais. Malgré tous les efforts que j’ai fournis, je ne me sens pas capable de continuer notre histoire jusqu’au bout, de t’affronter encore car on restera toujours sur ton terrain de jeu. Il y a trop de choses chez toi que je ne peux plus accepter et je sais que je n’ai ni la force ni les moyens de te changer. C’est difficile de te quitter. Je déteste abandonner. Mais cette fois-ci, j’assume, je capitule. C’est un immense échec dont je mettrai certainement beaucoup de temps à me remettre. J’avais mis tellement d’espoir en toi… Beaucoup de gens croyaient en notre histoire, je m’excuse de les décevoir… Ce n’est pas un échec vis-à-vis de mon égo, il n’en reste plus grand chose après notre aventure. Ce n’est pas un échec vis-à-vis des autres car je crois que personne ne peut te comprendre sans avoir vécu à tes côtés quelques temps, et que, de toute façon, chaque histoire est unique. C’est un échec juste vis-à-vis de moi-même car je n’ai pas su remplir mes objectifs.

Mon Inde, cela fait un moment que je pense à notre rupture. Mais j’ai voulu continuer pour voir jusqu’où je pouvais aller, pour savoir sur quoi notre histoire allait déboucher. Je me suis longtemps persuadée que je pourrais surmonter tous ces défauts que je te reproche. J’ai voulu me défier, tout le temps, repousser mes limites. Je crois que je suis allée un peu trop loin. Je n’ai pas réalisé à quel point cela pouvait m’affecter. Mon Inde, tu m’as bien bousillée. Tu m’as vue bien triste et déboussolée, et tu ne m’as pas laissé de répit, jamais. Tu n’as pas pris soin de moi, tu m’as trop bousculée. Et moi, je ne sais pas prendre soin de moi toute seule. Je n’aurais pas dû me reposer autant sur toi. J’aurais dû me battre plus contre moi-même. Mais je crois que la tolérance a ses limites aussi ; il y a des choses que nous n’avons pas le droit d’accepter.
Il y a tellement de choses chez toi dont je me sente coupable. Je sais, tu as eu ton histoire, ton passé, tes expériences et je ne pourrai jamais effacer tout ça. Mais tu as parfois des comportements que je ne peux et ne veux accepter. Cette indifférence que tu dégages envers tes plus proches, cette intolérance dont tu peux faire preuve, cette hiérarchie que tu as créée de toutes pièces dans tes relations avec les autres. Si je peux me permettre de te critiquer un peu, je te complimenterai plus tard, je crois que ton pire défaut est ta fatalité ; elle me dépasse. Elle m’insupporte. Elle me rend folle. Je ne peux pas vivre avec quelqu’un qui accepte tout, quelqu’un d’insensible, quelqu’un qui donne l’impression de ne jamais remettre sa vie en question, de ne jamais être affecté.

Magré tout, je te remercie mon Inde. Je te remercie de m’avoir autant appris. Merci de m’avoir appris que chaque aventure nous permet de connaître nos limites. Je suis arrivée ignorante. Petit à petit, tu t’es dévoilée, parfois peut-être un peu trop, mais tu es comme ça. Tu aimes tellement donner. Avec toi, c’est tout ou rien. Tu ne connais pas vraiment la nuance. Je te reproche alors d’être peut-être un peu trop dure, incisive, tranchée. Tes sautes d’humeur, ta complexité, tes contrastes, j’ai eu du mal à les comprendre, à les appréhender, à les apprivoiser. Pendant quelques heures, tu me montres toute ta beauté et ta sensibilité. Il suffit d’une seconde pour que tu te transformes en véritable monstre.

Tout ce que nous avons partagé, je ne le retrouverai avec personne d’autre, crois moi. Mon ex, France, ne peut pas rivaliser. Elle n’est clairement pas à la hauteur. Alors, ne t’inquiète pas, je ne te comparerai avec personne d’autre. Tu es trop unique, notre relation trop passionnelle. C’est le problème des histoires trop passionnelles, elles vacillent entre haine et amour. Personne d’autre ne pourra me bouleverser autant que tu l’as fait, peut-être souvent à tes dépends. Avec ma France, rien n’est pareil. Nous menions une petite vie tranquille, bien rangée, presque futile, presque trop lisse. Métro, boulot, resto, dodo. Les semaines se succédaient et se ressemblaient. Avec toi, chaque jour est une nouveauté. Bonne ou mauvaise, mais j’apprends tous les jours. Je me sens vivre. Je suis trop jeune pour me laisser vivre, pour me laisser dépasser par un quotidien sans saveur ni odeur.
Je te fais la promesse que je ne retomberai pas dans le panneau. Je te promets que je ne te tromperai pas avec elle, dans ma tête je resterai fidèle. Je ne veux pas reprendre mes petites habitudes. Je ne veux pas me plaindre tout le temps. Je ne veux pas être indifférente. J’ai juste besoin d’un environnement plus calme, pour reprendre un peu mes esprits et penser à mon avenir, si incertain et mystérieux.

Mon Inde, je te remercie aussi de m’avoir présenté toutes ces personnes que je n’oublierai jamais. Ish, Gaurav et Dyvia qui m’ont épaulée quand tu étais trop dure avec moi. Ma petite famille Sikh en bas de la maison, toujours si disponible et serviable. Ce petit vendeur du feu rouge à qui je repense souvent pour me redonner le sourire. J’aurais pu tout faire pour lui. Malheureusement, je l’ai un peu perdu de vue ces derniers temps. Si tu pouvais prendre soin de lui, et de tous ses copains aussi, leur offrir un peu d’amour et de tendresse. Tous ces petits enfants de PaharGanj dont le sourire a plus d’une fois illuminé mes journées. Mon petit Karan du bureau, si touchant. C’est quelqu’un de bien, je te promets. Il mérite d’être heureux. Mon collègue de cigarettes si attachant. Tous ces gens miséreux que j’ai croisés et que j’ai essayé d’aider. Je sais que j’aurais pu en faire beaucoup plus pour eux. Pardonne-moi… Mon petit livreur indien au visage d’ange, toujours souriant. Tous ces conducteurs de vélo rickshaw qui m’ont souvent transportée à la force de leurs jambes. Je ne peux pas tous les citer, j’ai tant d’images dans ma tête qui ne se dissiperont jamais, j’espère…

Je vais en rester là pour aujourd’hui. Je t’écrirai sûrement encore quelques lettres, j’ai encore tellement de choses à te dire. On n’a qu’à se dire que c’est un break, ok ?? Je suis pas trop pour les breaks d’habitude. Je crois que je préfère les choses bien tranchées aussi. Mais on peut faire une exception, non ? Ça te va comme ça ?? Je veux ma revanche ! Je veux te revoir pour te montrer ce que j’ai vraiment dans le ventre. Alors, si tu veux, on prend un peu de distance, je me repose, je vais retrouver un peu ma famille et mes amis. J’ai un peu de mal avec les relations trop exclusives. Notre aventure m’a fait prendre conscience à quel point j’avais besoin, au-delà de ta compagnie plus que permanente, d’être entourée. C’est dommage que je ne puisse pas te ramener avec moi ou venir ici avec tous mes amis. Je suis sûre que je l’aurais beaucoup mieux vécu. En tout cas, je t’assure que notre histoire n’est pas finie, elle est loin d’être terminée. Peut-être que dans quelques années, tu seras plus apaisée, moi aussi, et on pourra repartir du bon pied. Je ne sais pas encore quand mais on se retrouvera, c’est une certitude, une des seules que je puisse avoir.

Mon Inde, pour l’instant, je te confie mon petit Antho pendant quelques semaines encore. Je m’en veux de le laisser seul avec toi. Tu peux être si colérique parfois, nous faire tant de mal, c’est toujours plus facile quand on a quelqu’un à ses côtés pour partager, pour se défouler. Si tu pouvais prendre soin de lui et l’épargner un peu, je t’en serais très reconnaissante. Ce sera ma dernière requête…

 

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Commentaires
B
... france t'accueillera a bras ouvert. Enfin qd tu sera prete bien sur...<br /> Un gro bisou
Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
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