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Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
5 mai 2009

Comme un brouillon

Dans le train qui m'emmène vers mon mini-paradis, il y a cette petite fille blonde trop jolie. Je ne peux pas m’empêcher de la regarder. Encore toute insouciante, des yeux bleus pétillants. Je ne sais pas si je la regarde parce que je l’envie d’être si jeune, si naïve ou si je me dis que j’aimerais bien avoir une petite fille comme elle. Peut-être que, bientôt, d’ici un ou deux ans, certaines de mes amies vont avoir un bébé. Cela me paraît tellement loin, tellement en-dehors de ma vie. Je vois mon frère construire sa vie, son avenir, une famille. Je ne pense pas que j’en serai là dans trois ans. C’est une bonne excuse de se croire un peu carriériste, ça justifie le reste. On ne compte que sur soi. On n’attend rien des autres. J’aimerais bien rester à mon âge, que le temps se fige quelques temps. J’aime bien ma vie en ce moment. J’aime bien ces journées où j’apprends. J’aime bien ces week-end où je prends mon temps. Pour l’instant, il n’y a que mes réveils que je n’aime pas autant. Je me force à ne pas avoir le temps. Je me force à courir partout, tout le temps. Pas une soirée sans apéro, pas un week-end sans soirée. Le temps passe vite comme ça. C’est bon signe. En Inde, je comptais les heures, les jours, les semaines, parfois même les minutes. Quand j’arrivais au bureau le matin, certains jours en luttant jusqu’au soir. Je comptais les heures où je tournais dans mon lit. Maintenant, je n’ai même plus besoin de compter avant de m’endormir. Je dors déjà. Je ne rentre pas chez moi avant d’être épuisée.

C’est quand même dingue de se dire qu’on a créé quelqu’un. Non mais quand on y pense vraiment. De se dire que la vie de quelqu’un dépendra de nous. On n’a pas le droit à l’erreur. C’est comme quand on conduit. Si on plante sa propre voiture, ce n’est pas si grave. Ça ne tient qu’à nous, ça ne regarde que nous. Mais quand on plante celle d’un pote… Et bien, c’est pareil avec un enfant. On a le droit de pourrir sa vie mais pas celle d’un autre. Et encore, on n’a même plus le droit de pourrir sa vie, tellement la sienne en dépend. Je crois que c’est trop de pression. Je sais, c’est égoïste. En plus, j’adore les enfants. Je crois que j’en voudrais plein qui courent partout. Ça donnera du sens à ma vie. Oui, encore moi, je sais…

La jolie petite blonde aux yeux bleus a deux frères aux yeux bleus aussi. Ils doivent avoir 7, 8 ans. C’est l’âge des questions. Et Maman, pourquoi ? pourquoi ? On n’a pas le droit à l’erreur. Je connais quelqu’un qui sait toujours tout. Je suis sûre qu’il s’en sortira très bien face à ce genre d’interrogatoires. Moi, je crois que je serais obligée de mentir pour garder ma crédibilité de Maman. Ou alors d’improviser mais ça, c’est pas vraiment mon point fort. 

J’ai envie d’fumer. J’ai envie d’arriver. Maman, on arrive dans combien de temps ?
Mentir, vous vous rendez compte. Parce qu’un enfant, je ne sais pas, il ne comprend pas. Dans la vraie vie, je m’en fiche de ne pas savoir. Ou d’avoir tort. D’ailleurs, ça me fait rire parfois. Mais là, je ne peux pas, je n’ai pas le droit.

Dès que je referme mon carnet, une autre phrase me vient. Je dois le rouvrir avant qu’elle ne m’échappe. Après, c’est foutu. L’Inde m’a déclenchée un virus. Avant, ça ne m’arrivait jamais. Vivement que j’y retourne pour que j’me soigne. Maintenant, je ne suis plus la fille qui ne va pas bien, je peux dire que tout va bien. Et quand tout va bien, rien de plus à ajouter. C’est pratique. Je vais bien, ne t’en fais pas. Parle moi de toi.

Si on mettait de la musique dans le train aussi fort que dans mes oreilles, ça ferait une teuf d’enfer. Je réessaye ma théorie de mettre la musique plein pot dans mon casque pour que ma tête se mette à chanter plutôt que de dicter. Mais ça ne marche pas trop. J’imagine tout le wagon se lever et danser sur les sièges. Je deviens cinglée. De toute façon, cela ne risque pas d’arriver ; ils sont tous en train de pioncer. Plus le regard pour faire pétiller le reste et le sourire pour l'égayer.

C’est très laid aujourd’hui ; ça n’a aucun sens. Ça m’est venu comme ça dans le désordre, comme un brouillon que je n’ai pas envie de retoucher.

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Commentaires
Mélane en Inde, et ailleurs dans le monde...
  • Qu'est-ce qu'un voyage ? Ce n'est pas un départ, ce n'est pas une destination. C'est un parcours, une découverte. Voyage-t-on pour découvrir le monde ou pour se redécouvrir ? Est-ce les hommes qui font les voyages ou les voyages qui font les hommes ?
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