Mes petits yeux se fatiguent...

Dure journée aujourd'hui... encore une... Ce matin, j'ai eu très envie, mais vraiment très envie de sauter dans le premier avion pour rentrer...

Visite des hôpitaux de Delhi, cette fois-ci ce n'est pas parce que je suis malade, c'est juste pour remplir ma mission. C'est encore trop d'horreurs. Je sais que la vie en Inde forge (cf Papa Antho... !) et je crois qu'au fond, je suis venue pour ça, mais si cela pouvait forger un peu plus en douceur, ça ne serait pas si mal.
Alors ce matin, je quitte notre maison pour rencontrer un grand chirurgien de Delhi, j'arrive dans un hôpital que je croyais privé, mais non il relève du "secteur public". Je ne le sais pas encore quand j'y suis mais je suis tellement soulagée quand je l'apprends. Je me dis que j'ai vu ce qu'il y a de pire...
Je dois traverser le service de chirurgie puis celui des grands brûlés pour rejoindre les permanences en orthopédie. Je vous épargne les détails de ce à quoi j'assiste, de l'état des patients qui patientent assis dans les couloirs, de l'odeur nauséabonde qui se dégage, de l'insalubrité, de la lumière jaune aveuglante qui s'échappe des néons, des regards de souffrance, des cris de désespoir... J'ai l'impression qu'une force supérieure s'acharne pour que j'en bave à ce point.
Mon entretien avec le Docteur Sharma est entrecoupé de visiteurs souvent très amochés que le médecin renvoie, il est occupé, je suis là, c'est sûr que c'est beaucoup plus urgent... Je cache aussi bien que je peux mon désarroi, je lève les yeux en l'air pour ne pas qu'ils se mettent à couler.
Pour la première fois depuis que je suis ici, je parviens à ne pas regarder les gens en face, je n'essaye même pas...
Alors, à nouveau, je m'effondre dans le rickshaw, mes yeux sont épuisés de voir tout ça, les larmes se mettent à couler... toutes seules, sans effort, sans retenue non plus...
J'arrive au bureau effondrée, je n'arrive pas à parler. Heureusement, Antho est là, il a été un amour toute la journée, heureusement je peux lui parler, à lui...

Heureusement aussi, c'est le week end donc repos et ballade tranquille, je vais essayer de me ménager un peu, en attendant la douceur de Pondichéry qui va vite arriver...