Bataille victorieuse
Je repars en petit soldat, pour affronter encore l’ennemi, j’espère bien le
combattre aujourd’hui.
L’hôpital public n’est le paradis de rien, c’est l’enfer sur terre, un
condensé du pire. Heureusement, pas de waiting room par caste, mais, au fond,
chaque hôpital est une waiting room… vers quoi… ?? Les riches se font
soigner dans les hôpitaux privés, les autres crèvent dans les couloirs des hôpitaux
publics. J’attends une heure dans une salle d’attente bondée, avant d’être reçue
par un vieux monsieur de 80 ans qui doit encore exercer par passion, ou par compassion.
L’entretien n’est pas très productif, je repars vite…
Mon chauffeur de rickshaw du retour est trop mignon, tout bien coiffé, avec
des petites lunettes carrées qui lui donnent un air sérieux. Il doit avoir 25,
30 ans ; difficile de donner un âge ici, les horreurs de la vie les font
vieillir plus vite que nous… Il est tout attentionné, tout paniqué à l’idée que
je puisse être trempée sous cette pluie battante. On entame une petite discussion.
Je lui propose une cigarette, il ne fume pas. Il me demande si je conduis à
Delhi, ou si je me fais "dropper" toute la journée en taxi. J’ai un peu honte
mais, si il savait, un seul trajet suffirait à me tuer ici… ! Il me
regarde dans son rétroviseur, il me sourit, tout le temps. Alors je lui
souris aussi, ce sera mon bon moment de la journée. Je ne sais pas comment le
remercier de m’avoir redonné le sourire. C’est nul l’argent, mais je n’ai que ça… et je sais qu’il en a tellement besoin…