Un petit voyage chez Géo

Régulièrement, je regardais les annonces sur le site de Prisma Presse, souvent déçue en ne voyant que des postes chez VSD ou Voici. Et un jour, le 25 août, j'ai cru rêver quand je suis tombée sur une offre pour un poste de rédacteur stagiaire pour le site internet de Géo. Direct, je postule et passe deux premiers entretiens qui se déroulent plutôt bien. Je suis plus confiante, je sais que là, j'ai au moins une petite expérience à revendre. La troisième étape du processus est la réalisation d'un reportage photo sur un voyage de mon choix. L'Inde s'impose comme une évidence.

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L'Inde, un voyage au cœur de l'enfance

L’enfance en Inde est un miroir de toutes les facettes du pays. Quatre mois passés dans les rues de Delhi, peut-être plus de mille enfants croisés, plus de mille regards échangés, plus de mille sourires partagés. L’Inde nous fait perdre tous nos repères. A nous petits Occidentaux cocoonés dans un confort presque surfait où l’enfant est devenu le roi. L’Inde brise tout sur son passage. Ici, à Delhi, les enfants sont souvent seuls dans les rues à jouer avec le premier objet qu’ils trouvent, à tomber sous le joug du premier trafiquant qui les enrôle, à vous vendre ce qu’ils peuvent à tous les feux rouges de la ville. Pas de surprotection, pas d’enfance au sens où nous l’entendons. Une autre enfance, plus autonome, plus responsable, qui ne tient qu’à un fil dans ce pays où la mortalité infantile atteint encore les 7%. Un tour d’horizon des quelques regards que j’ai immortalisés, chacun racontant une petite histoire de ce si beau pays.

Un petit homme au fourneau

Difficile de faire appliquer la Convention Internationale des droits de l’enfant dans ce pays où les parents ont tant besoin du salaire de leur progéniture. Dans les ruelles de PaharGanj, quartier traditionnel de Delhi, je rencontre ce jeune boulanger, qui prépare, avec bienveillance, des chapatis et des naans, base de tout repas indien.

Les bébés des feux rouges

Un trafic bien rôdé, parfaitement mis en scène dans le fameux Slumdog Millionnaire. Ces petits enfants, parfois même des nourrissons, qui n’ont rien demandé à personne, pas même d’être là, et qui parviennent malgré eux à faire pitié aux passagers des rickshaws. Des bébés comme celui-là, j’en ai croisé tous les jours, partagée entre la culpabilité de ne rien donner et celle d’entretenir le système.

Une errance en solitaire

Deux millions d’enfants meurent encore chaque année avant d’atteindre l’âge de cinq ans, en Inde. La malnutrition et le manque d’hygiène sont les principales causes de ce fléau. Beaucoup d’enfants errent seuls dans les rues de Delhi. Je ne sais pas s’ils n’ont plus de parents ou si ces derniers n’ont pas le temps de s’en occuper.

Les marchés, poumon de la vie en Inde

Des regards perçants dans l’obscurité des marchés de la ville. Chaque quartier de Delhi possède son marché local, lieu de vie, lien social. Il n’y a pas encore vraiment de supermarché dans la capitale indienne, tant les Indiens sont attachés à ces centres commerciaux à ciel ouvert, si colorés, si parfumés. Il n’y a rien de mieux, pour s’imprégner de cette culture si riche et complexe, que de déambuler dans ces innombrables ruelles surpeuplées.

Des empreintes du passé colonial

Peu de choses subsistent de la colonisation britannique. A peine la langue qui, bien qu’elle soit une des vingt trois langues officielles du pays, est délaissée au profit de l’hindi, plus locale et authentique. La seule marque vraiment visible de l’empire britannique reste sûrement le système éducatif. Tous les écoliers de Delhi sont bien coiffés, en uniforme, comme ces deux petites filles croisées dans les ruelles de PaharGanj.

Au cœur du trafic

Plus de 50 000 auto-rickshaws traversent les rues de Delhi. Malgré le bruit et la pollution, ils restent mon moyen de transport préféré. Ce petit garçon aux yeux clairs assistait son papa dans sa journée de travail. Dans ce pays où le métier se transmet souvent de père en fils, il sera peut-être lui-même un jour conducteur de rickshaw.

La dérision, un art de vivre

Enfants, jeunes, adultes, tous prennent la vie avec une dérision qui me surprend. Malgré un quotidien qui me paraît, à moi jeune Française, bien difficile, les enfants des rues de Delhi sont toujours prêts à jouer, à rigoler. Les Indiens ne sont pas tristes, ils n’ont pas l’air malheureux. Une dérision qui se mêle à la fatalité qu’ils ont face à leur condition, une dérision qui s’apparente à une brise de légèreté qui souffle sur leur vie souvent miséreuse. Peut-être une carapace pour mieux affronter ce destin tout tracé qui les attend.

Une curiosité mutuelle

Déjà parce que je suis blonde aux yeux bleus et que ça ne court pas les rues à Delhi, je suscite une curiosité qui me dépasse encore, même au bout de quatre mois. Ces regards permanents m’interdisent de vivre dans ma bulle et m’obligent à développer ma curiosité à mon tour. Si cette attention omniprésente me met souvent mal à l’aise, elle me permet néanmoins de faire des rencontres merveilleuses. Notamment auprès des enfants, si friands des appareils photographiques.

Une jeunesse en plein envol

Nimrit est la fille de mon propriétaire. De religion sikh et issue de la classe moyenne indienne, Nimrit ressemble à n’importe quelle adolescente que l’on pourrait croiser dans les rues de Paris. Elle ne porte jamais de saris, contrairement à sa mère et à la majorité des femmes que je croise dans la rue. Nimrit est une jeune fille indépendante, qui rêve de faire des études et d’avoir une véritable carrière professionnelle. Si elle part quelques années à Londres ou New York pour ses études, je sais qu’elle reviendra ici, trop fière de son pays, trop attachée à sa culture.

Un message d'espoir au pays du sourire

Malgré cette pauvreté, cette misère, l’Inde est le pays où j’ai donné et recueilli le plus de sourires. Malgré cet immobilisme social lié au système rigide des castes, l’Inde est un pays porteur d’un immense message d’espoir et de combat. Je me souviens avec émotion de tous ces moments que j’ai partagés avec ces enfants de Delhi. Depuis mon retour, je pense souvent à eux pour me redonner le sourire.

Comments

[Bere]

à part que c'est super beau et...
félicitations pr ton poste chez Géo peut etre? :)
Il faudra qu'on fete ca..

Je pensais t'avoir mis un msg quand j'étais aux US mais la connexion à du couper!